Les vingt refuges qui participent
à ce programme d’ouverture hi-
vernale les mercredis et jeudis
sont tous situés dans la partie
haut-rhinoise du massif vosgien.
«
O
n
e
s
t
t
o
u
t
à
f
a
i
t
p
r
e
n
e
u
r
s
p
o
u
r
s
’
é
l
a
r
g
i
r
a
u
B
a
s
-
R
h
i
n
o
u
a
u
S
u
n
d
-
gau !
, précise Lucien Mentelé.
S
’
i
l
y
a
v
a
i
t
u
n
c
a
n
d
i
d
a
t
d
u
c
ô
t
é
d
u
M
o
n
t
S
a
i
n
t
e
-
O
d
i
l
e
,
p
a
r
e
x
e
m
p
l
e
,
c
e
s
e
r
a
i
t
l
’
i
d
é
a
l
…
J
’
a
i
m
e
r
a
i
s
b
i
e
n
a
u
s
s
i
q
u
e
n
o
u
s
r
e
j
o
i
g
n
e
u
n
r
e
f
u
g
e
s
i
t
u
é
v
e
r
s
W
i
n
k
e
l
,
m
a
i
s
l
e
p
r
o
b
l
è
-
m
e
,
l
à
-
b
a
s
,
c
’
e
s
t
q
u
’
i
l
s
m
a
n
q
u
e
n
t
de
retraités
bénévoles,
disponi-
bles pour ouvrir en semaine… »
La plupart des refuges qui répon-
dent à l’appel de Lucien ac-
cueillent aussi du monde le
week-end. Parfois, comme au
Rossberg, il faut payer un droit de
passage (de 1 € à 2,50 €).
Y ALLER Les prochains refuges
ouverts seront celui de Ritzenthal
les 8 et 9 février, puis ceux
du Petit Ballon (les 15 et 16),
d’Isenbach (le 16) et de Bourbach
(le 16). Le programme est
disponible sur le site créé par
Lucien : http://refuges-hiver.fr
Il est conseillé de réserver
en l’appelant au 06.07.55.66.81.
Sortir des Vosges du Sud ?
Textes : Hervé de Chalendar
Photos : Mathieu Lerch
Après environ trois quarts d’heure
de montée, vers 10 h 45, le thermos
à café et les paquets de madeleines
sont posés sur la table de la « place
des Nussbaum », à mi-chemin entre
le col du Hundsruck et le sommet du
Rossberg, sur les hauteurs de Bour-
bach-le-Haut. Cette « place », c’est
une table et deux bancs de bois ac-
crochés à un versant de forêt, à
926 mètres d’altitude.
80 litres de soupe
Huit copains sont ici réunis. Ils sont
originaires de la vallée de Masevaux
et de la région mulhousienne, sont
tous plus près des 70 ans que des 60,
et prennent tous un plaisir de ga-
mins à randonner ensemble, cha-
que semaine, sur les sentiers du
massif vosgien. Leur « chef » offi-
cieux, c’est Lucien Mentelé, de Kin-
gersheim. Ce retraité de Gaz de
France leur concocte un itinéraire
pour chaque jeudi, quel que soit le
temps, en leur envoyant par courriel
l’itinéraire, le dénivelé et le lieu de la
halte déjeuner. Ce jour-là est un mer-
credi, mais c’est parce que la presse
s’est invitée à la balade. Lucien doit
nous montrer une autre de ses acti-
vités informelles : l’animation d’un
réseau de vingt refuges du massif
ouverts en hiver aux randonneurs de
semaine, à midi, les mercredis et
jeudis.
Le but de l’expédition du jour, c’est le
refuge du ski-club Rossberg de
Thann, posé à 1 150 mètres au-des-
sus des vallées de Masevaux et de
Saint-Amarin. Le café et les gâteaux
avalés, on repart sur le coup de 11 h.
La température est d’environ 5 de-
grés. La dernière neige a fondu rapi-
dement, mais un serpent de glace
s’incruste sur le sentier, là où elle a
été tassée par les promeneurs. En
bon papa poule, Lucien sort des
« bottes secrètes » de son sac : des
crampons à accrocher sous les se-
melles. Le résultat est immédiat : ça
grimpe facile et c’est comme si l’on
sentait déjà la bonne odeur de sou-
pe…
Vers 11 h 30, le sentier balisé d’un
rectangle rouge sort de la forêt. Il
dépose le groupe de randonneurs
sur une chaume magnifiquement
bombée, marbrée de plaques blan-
ches. C’est le moment que le soleil
choisit pour tenter une percée. Le
refuge est un chalet planté au beau
milieu du paysage. Un drapeau tri-
colore flotte à son côté, comme pour
annoncer qu’il y a de la chaleur à
l’intérieur.
On décramponne et, quelques mi-
nutes plus tard, on se retrouve près
d’un Kachelofe, autour de longues
tables, à sourire béatement à la
perspective d’un apéro et d’un repas
chaud. Un autre groupe de randon-
neurs d’une dizaine de personnes
vient d’envahir la salle. La moyenne
d’âge n’a pas franchement baissé…
S’ajoute encore la table du ski-club.
« On est sept membres du club
aujourd’hui, précise son vice-prési-
dent Jean-Luc Barret. On n’aurait
pas besoin d’être autant, mais puis-
que les gens avaient envie de ve-
nir… » La veille, ils se sont retrouvés
dès 9 h chez l’un d’eux, dans la val-
lée, pour éplucher les légumes. 80
litres de soupe ont été préparés pour
d
e
u
x
j
o
u
r
s
.
À
2
€
p
a
r
p
e
r
s
o
n
n
e
,
à
v
o
-
l
o
n
t
é
,
a
v
e
c
d
e
l
a
s
a
u
c
i
s
s
e
e
t
d
e
s
c
r
o
û
-
tons, c’est une excellente affaire !
Ainsi, chaque mercredi et jeudi, en-
tre le début du mois d’octobre et la
fin du mois d’avril, deux ou trois re-
fuges des sommets vosgiens propo-
sent, pour déjeuner, de la soupe, des
boissons et du café aux randonneurs
qui n’ont pas peur du froid, mais ont
envie d’un moment au chaud. « En
été, les randonneurs peuvent aller
dans une ferme-auberge ou tirer le
repas du sac et manger dehors, mais
en hiver, pique-niquer, c’est pas mar-
rant… », explique Lucien. C’est ainsi
qu’est venue l’idée d’ouvrir en se-
maine, à tour de rôle, ces refuges qui
appartiennent à des associations
comme les Amis de la Nature, le Club
Vosgien ou des ski-clubs.
Dès sa retraite, en 2002, Lucien a ad-
héré aux Amis de la Nature de Gue-
bwiller (refuge du Rothenbrunnen,
au Petit Ballon). Ces Amis et ceux
d’Uffholtz (refuge du Molkenrain)
ont été les premiers à initier le mou-
vement. Lucien a commencé à coor-
donner les bonnes volontés. Des
refuges ont été sollicités, d’autres se
sont proposés et « ça a fait boule de
neige… Depuis six ou sept ans, le
nombre des refuges s’est stabilisé à
vingt. »
Chacun de ces refuges ouvre ainsi,
en moyenne, trois mercredis-jeudis
dans l’année. Lucien organise une
réunion en juin, prend note des pré-
férences des uns et des autres et di-
vulgue son planning d’hiver à la mi-
juillet. Créer une association ? « Pas
besoin !, rétorque le coordinateur.
Chaque refuge a déjà la sienne… »
« C’est rien d’officiel, ça se fait com-
me ça… et c’est très bien comme
ça ! », approuve Jean-Luc. Ce bon
plan étant de moins en moins confi-
dentiel, il est recommandé de réser-
ver. « Le 5 janvier, au Petit Ballon, on
était 90 et j’ai dû refuser 50 person-
nes !, précise Lucien. Mais si des
gens arrivent sans s’être annoncés,
on essaye toujours de ne pas les lais-
ser dehors… »
« Ça se fait
comme ça… »
Ce système fait du bien aux finances
des associations, mais « le but n’est
pas lucratif, assure Lucien, c’est jus-
te de faire quelque chose de convi-
vial… » On confirme que ça l’est.
Après la soupe arrivent les cafés et
parfois le schnaps… Qu’importent
les excès si on les élimine dans la
foulée ? Pierrot Luttenauer sort l’al-
bum montrant les photos de la cons-
truction du chalet par ses membres,
en 1952. Le gamin souriant, là, de-
vant le chantier, c’est lui à 11 ans…
À 14 h, il faut sortir. Le ciel est carré-
ment devenu bleu. Pour le plaisir,
avant de retrouver les voitures au col
du Hundsruck et la crasse de la plai-
ne, on s’offre un détour par le Than-
nerhubel et le Baeselbach. Les au
revoir sont brefs, vers 16 h, sur le
parking : les copains remettront ça
demain. Et les semaines suivantes…
Les plaisirs des Vosges n’ont ni sai-
son, ni fin.
PLUS WEB Notre diaporama
sur le site internet : www.lalsace.fr
LOISIRS
Aux refuges des bons amis
En hiver, la plupart des fermes-auberges sont fermées et pique-niquer dans la neige n’a rien de réconfortant… Alors, pour que les randonneurs puissent encore randonner les
mercredis et jeudis d’hiver sur les plus hauts sommets des Vosges, Lucien Mentelé coordonne l’ouverture alternée de 20 refuges entre octobre et avril. Exemple au Rossberg.
Le but de la randonnée matinale : le refuge du ski-club Rossberg de Thann, sur le pâturage de la Waldmatt. La soupe est
en vue…
Photo L’Alsace
Halte au Thannerhubel, sur le chemin
du retour.
Photo L’Alsace
L
e
ciel
bl
eu
es
t
de
r
et
our
pour
ac
c
ompagner
la
desc
ent
e
.
Pho
t
o
L
’
Al
sac
e
Un apéro qui, pour la bande à Lucien, a coûté trois kilomètres de montée et 350
mètres de dénivelé.
Photo L’Alsace
Lucien Mentelé, coordinateur de
l’ouverture hivernale de ces refuges.
Photo L’Alsace
La soupe préparée par les membres du ski-club du Rossberg. Les refuges participants
doivent obligatoirement la proposer, avec des boissons et du café.
Photo L’Alsace
Comme
les
voitures
ont
besoin
de
pneus
neige,
les
chaussures
ont
ici
besoin de crampons…
Photo L’Alsace
La vue au sortir du chalet, sur le pâturage de la Waldmatt, côté Saint-Amarin.
Photo L’Alsace
Lors de la montée, une neige glacée
s’incruste sur le sentier.
Photo L’Alsace
Région
4 0
D I M A N C H E 5 F É V R I E R 2 0 1 7
A L S R e d a c t i o n I R F @ l a l s a c e . f r
IRE05